30ième anniversaire du World Wide Web

Mise à jour : 13 mars 2022

1. Introduction (1889 -1988)

Wikipedia définit le World Wide Web comme suit :  WWW, littéralement la «toile (d’araignée) à l’échelle mondiale», communément appelé le Web, et parfois la Toile, est un système hypertexte public fonctionnant sur Internet. Le Web permet de consulter, avec un navigateur, des pages accessibles sur des sites.

L’idée de donner accès à toutes les connaissances du monde est déjà ancienne. A la fin du XIX siècle, Paul Otlet et Henri la Fontaine ont développé un système de classification décimale universelle qui a conduit à la création du Mundaneum en Belgique en 1910.

L’idée a été reprise par l’ingénieur anglais Samuel Fedida en 1968. Il a conçu le système ViewData, après avoir lu la publication visionnaire “The Computer as a Communication Device” de J.C.R. Licklider et de Robert W. Taylor. Un premier prototype de ce service vidéotex a été présenté en 1974, le système a été commercialisé dans la suite au Royaume Uni sous le nom de PRESTEL.

Marco Barnig dans son bureau-laboratoire à l’Institut d’Electronique de
l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich en 1976

A l’époque j’ai développé des systèmes d’affichage TV pour le vidéotex à l’EPFZ. En 1976 j’ai dessiné l’illustration ci-après qui garde son actualité et qui documente qu’il a fallu attendre presque 40 ans pour réaliser son rêve de pouvoir accéder aux informations du monde entier, bien installé dans un fauteuil.

2. Timothy John Berners-Lee (1989)

Appelé TimBL, Timothy John Berners-Lee est un ingénieur anglais qui a proposé il y a trente ans l’introduction d’un système hypertexte pour gérer la documentation scientifique volumineuse au sein du CERN à Genève. Il est considéré aujourd’hui comme l’inventeur du “World Wide Web”.

Le 12 mars 1989 il a remis son document “Information Management: A Proposal” à son supérieur au CERN, Mike Sendall. La proposition est accessible sur le site web du CERN par le lien http://info.cern.ch/Proposal.html .

La proposition n’a jamais été acceptée comme projet officiel du CERN, mais Mike Sendall accordait du temps libre à son collaborateur pour concrétiser son idée. En octobre 1990, Timothy John Berners-Lee avait finalisé le développement des technologies de base du hypertexte : HTML, URL et HTTP. Il programmait également le premier éditeur/navigateur de pages web et le premier serveur web. Fin 1990, le système était opérationnel au CERN et une année plus tard des usagers externes ont été invités à joindre la communauté web sur Internet.

Timothy John Berners-Lee plaidait pour offrir ces nouvelles technologies, qui étaient la propriété du CERN, gratuitement à la communauté web sur Internet. Ses efforts ont été couronnés de succès. Le 30 avril 1993, le CERN a mis les logiciels et protocoles www dans le domaine public. C’était le début d’une aventure commune gigantesque.

En 1994 Timothy John Berners-Lee a quitté le CERN pour joindre le MIT où il a créé le W3C (World Wide Web Consortium), une communauté internationale dévouée au développement de standards ouverts pour l’Internet. Depuis sa création il est à la tête de cette institution comme directeur.

Première page web en 1990

En 2013 le CERN a lancé un projet pour rendre les premières pages www, qui étaient hébergés sur l’ordinateur NeXT de Timothy John Berners-Lee, accessibles au public sous le lien https://first-website.web.cern.ch.

3. RESTENA (1990 – 1993)

Avant l’introduction de l’hypertexte dans Internet, ce réseau était déjà opérationnel dans la majorité des pays du monde, même si à l’époque il n’était connu et accessible que par une petite communauté scientifique.

Pour accéder à Internet ou pour y raccorder un serveur web, on doit disposer d’une adresse IP. Il s’agit d’une ressource limitée qui est gérée par l’IANA (Internet Assigned Numbers Authority). Cette autorité a été mise en place par Jon Postel en 1988 à l’université de Californie Sud (USC) dans le cadre d’un contrat avec le Ministère de la Défense des Etats-Unis. On se rappelle que Internet est issu du réseau militaire américain ARPANET. Le premier message sur ARPANET a été transmis le 29 octobre 1969.

Un système de noms de domaines, associés aux adresses IP, a été créé pour simplifier la mémorisation des accès aux serveurs web sur Internet. A côté des premiers noms de domaines publics avec les extensions .com, .org et .net, des noms de domaines nationaux ont été définis pour chaque pays du monde. Pour le Luxembourg il s’agit de l’extension .lu. La gestion des noms de domaines était également assurée par Jon Postel qui dirigeait l’IANA jusqu’à sa mort en 1998.

A la fin des années 1980 la question se posait donc à qui attribuer l’autorité pour la gestion des adresses IP et des noms de domaines Internet à Luxembourg. Avec ses services des postes et télécommunications non-séparés, l’Administration des P&T disposait de tous les atouts pour jouer ce rôle. Or à l’époque les P&T devaient faire face à la libéralisation du secteur des télécommunications qui avait déjà démarré sur le terrain, et ceci en absence d’une réglementation nationale afférente. On préparait le changement du statut de l’administration des P&T. La loi portant création de l’entreprise des P&T, sous forme d’un établissement public, date du 10 août 1992. Les services techniques étaient en outre en train de préparer leur déménagement de la rue de Hollerich vers la Cloche d’Or où le nouveau bâtiment des Télécommunications a été inauguré en 1993. Last but not least, les P&T étaient confrontées à la réalité que le service vidéotex, introduit en 1986 sous la pression de la presse écrite, ne rencontrait pas le succès escompté. Il est donc compréhensible que les dirigeants des P&T ne souhaitaient pas s’engager au début des années 1990 dans une autre aventure farfelue comme celle de l’Internet naissant.

Pour éviter que l’Internet luxembourgeois tombe sous la tutelle d’une société privée, le groupe de travail initié à la fin des années 1980 par le Ministère de l’Education Nationale pour planifier la mise en place d’un réseau informatique pour la recherche et les écoles s’est porté candidat pour jouer le rôle d’une autorité Internet luxembourgeoise. Le réseau afférent est devenu opérationnel en 1989 sous le nom de RESTENA et a introduit dans la suite une demande auprès de Jon Postel pour gérer le domaine national .lu ainsi que pour obtenir les adresses IP requises. Comme on avait besoin d’une connexion à Internet et d’une adresses e-mail pour introduire cette demande, mais qui faisaient défaut à l’époque à Luxembourg, il a fallu passer par des collègues à l’étranger pour transmettre ces courriels.

Après maintes tentatives, Antoine Barthel, un des responsables de RESTENA, a réussi à atteindre Jon Postel au téléphone en février 1992. Celui-ci confirmait qu’il avait toutes les pièces de la candidature luxembourgeoise sur son bureau, que le dossier était pertinent et qu’il allait donner une suite favorable à la demande. Le 14 février 1992 RESTENA recevait l’attribution de 65.536 adresses IP de classe B, le 3 mars de la même année la confirmation de la disponibilité des noms de domaines .lu a été confirmée. Les premiers noms enregistrés étaient restena.lu, menvax.lu, men.lu, crpht.lu et crpcu.lu.

Les P&T étaient représentées dans le groupe de travail RESTENA et bientôt la première connexion a été établie avec le réseau Internet aux Etats-Unis, via le réseau public LUXPAC des P&T et par quelques détours européens.

Le Luxembourg était prêt pour se lancer dans le www. Les premiers services étaient utilisés par des chercheurs et des enseignants à Luxembourg. En 1994 plus que la moitié des quelques dizaines de sites web luxembourgeois réalisés étaient l’œuvre de cette communauté. Au début RESTENA était une cellule autonome du CRPHT hébergée dans les locaux de ce centre de recherche au Kirchberg. En 2000 RESTENA est devenu une fondation qui a déménagé dans la Maison du Savoir à Belval en 2016. Antoine Barthel a été Directeur de RESTENA jusqu’à sa retraite en 2017, en partenariat avec Théo Duhautpas.

4. Lancement commercial (1994 – 1999)

La première entreprise à lancer un service www commercial à Luxembourg était Europe Online. Fondée par des grands groupes étrangers et luxembourgeois, elle a été présentée le 1er juin 1994 comme troisième pilier de l’industrie des médias au Luxembourg. Elle offrait un service payant avec des technologies propriétaires aux usagers luxembourgeois et européens. Après une perte de centaines de millions de francs luxembourgeois en 1995, les investisseurs étrangers se sont progressivement retirés. D’abord placé sous contrôle judiciaire, Europe Online a été mise en faillite en 1996. Une centaine de personnes a été licenciée et les ordinateurs de l’entreprise ont été vendus aux enchères.

Les P&T, qui étaient devenues une entreprise publique en 1992, avaient une approche plus prudente. Les ingénieurs du service téléinformatique avaient développé à la fin des années 1980 des passerelles de conversion vidéotex pour accéder, outre au service VIDEOTEX luxembourgeois, également aux services afférents dans les pays voisins : Minitel en France, Bildschirmtext en Allemagne, Prestel au Royaume Uni. Il n’y avait pas de standard commun vidéotex à l’époque.

L’accès aux passerelles se faisait avec des modems via le réseau téléphonique commuté. La technologie de ces passerelles a été présentée par les P&T sur le stand commun luxembourgeois à la CEBIT 1988. Dans la suite elle a été offerte aux opérateurs télécom en Suisse, Autriche et aux Pays Bas et mise en service avec l’aide du développeur des P&T dans ces pays.

Au début des années 1990, les passerelles vidéotex ont été étendues pour permettre l’accès aux serveurs web connectés à Internet. Si l’accès au service vidéotex fonctionnait sur base d’un abonnement avec authentification, l’accès au réseau Internet se faisait d’une façon anonyme via des portes téléphoniques facturées à raison de 12 francs luxembourgeois. On appelait ce système un accès kiosque.

Présentation des passerelles vidéotex au stand P&T à la CEBIT 1988

L’accès à Internet a été présentée la première fois au public en 1995 sur un stand des P&T à la Bureautec et dans le cadre d’une présentation “L’information et les multimédia” dans le forum “Technologies nouvelles et télécommunications” organisé par l’OLAP. A côté de l’accès kiosque, l’Entreprise des P&T proposait des accès à Internet par ligne directe, par le réseau LUXPAC, par le réseau ISDN et par le réseau PSTN en mode abonné avec identification.

En 1996, l’Entreprise des P&T a lancé son premier cube Internet qui rendait la notion abstraite d’un accès Internet plus tangible pour les usagers. Le cube était une boîte en carton qui contenait un disque compact avec un navigateur et d’autres logiciels pour l’accès à Internet, un guide d’usager en plusieurs langues ainsi que le mot de passe pour s’identifier. Le prix de vente du cube comprenait les frais d’initialisation et des mois d’abonnement gratuit. La conception du Cube Internet était l’idée de Patrick Hansen, un jeune ingénieur commercial attaché au service marketing des P&T. Après son départ des P&T, il a créé plusieurs start-up’s et il est aujourd’hui le patron du groupe Luxaviation.

Les premiers usagers de l’Internet et autres initiés du web ont fréquenté le premier Cybercafé, situé au Marx à Hollerich. Les meilleurs sites web luxembourgeois recevaient un “Web Award”. A partir de 2000, on se rencontrait au début de chaque mois au First Tuesday.

L’éditeur Mike Koedinger publiait “Le Guide du multimedia au Luxembourg” comme partie intégrante ou comme hors-série du magazine Explorator. Ces guides constituent aujourd’hui une source précieuse pour s’informer sur l’évolution du web après le démarrage commercial de l’Internet. Ainsi on peut découvrir dans le guide publié en avril 1977 la première édition du “Lëtzebuerger www Directory”, reprenant 465 sites web luxembourgeois, segmentée en cinq groupes :

  • Commerce (55%)
  • Organisations sans but lucratif (19%)
  • Particuliers (11%)
  • Education (8%)
  • Etatique (7%)

Parmi les fournisseurs d’accès Internet on trouve à côté de l’Entreprise des P&T 15 autres sociétés : CMD, Compuserve, Connexion Interway, Eunet, Digit 352, HermesNet, IBM Global Network, Imaginet, Infopartners, Innet, Klinke & Co, Selection Line, Téléphonie, Luxembourg Online et Visual Online. Seuls les deux derniers opérateurs alternatifs ont survécu. Visual Online fait partie du groupe POST depuis l’année 2000.

Le “Who’s Who du Multimédia au Luxembourg”, inclue dans le guide, reprenait environ 200 sociétés opérant dans l’industrie de l’information.

La progression du www pendant la période de 1995 jusqu’à la fin du XX siècle était fulgurante. Les prix d’abonnement et d’utilisation de l’Internet baissaient continuellement, le nombre des usagers et du trafic augmentait à vue d’oeil, des nouvelles versions du Cube Internet des P&T se suivaient et des nouveaux sites web attiraient l’attention des usagers chaque jour. L’introduction de nouvelles technologies comme l’accès mobile WAP (Wireless Application Protocol), le JavaScript et les applications Flash et RealVideo permettaient d’étoffer l’affichage des textes et images par des animations et petites vidéos.

Les publicités Internet des P&T en 1997, présentées ci-après, montrent l’esprit de l’époque.

Les contenus présentés au début du www étaient statiques et il n’y avait guère d’interactivité : il s’agissait du web dit “read only”. Les usagers se plaignaient des bandes passantes trop faibles, des lenteurs d’affichage du contenu et du mauvais support de la part des fournisseurs d’accès.

5. Evolution (2000 – 2019)

Pour illustrer l’évolution du web j’ai proposé en juillet 2013 une chronologie Internet en neuf étapes sur mon site web https://www.web3.lu/divide-the-web-timeline-in-nine-epochs/.

Après l’étape “read-only” le web est devenu interactif (read-write) pendant la période de 2000 à 2004. La vitesse d’accès a augmenté sensiblement avec le lancement de LuxDSL et du GPRS en 2001 et de UMTS en 2003. Wikipedia a été lancé, des nouvelles technologies comme AJAX et JSON ont rendu le JavaScript plus performant. Le nombre de blogs a explosé, la 3D (Second Life) a été introduite et les webcams et Skype ont fait leur apparition.

La période de 2005 à 2009 constitue l’étape du web collaboratif. Facebook a progressé rapidement après son lancement en 2004. Youtube, Twitter, Amazon et PayPal ont démarré leurs services entre 2005 et 2007.

La prochaine étape était le web adaptif ou web mobile, avec l’introduction des premiers tablettes iPads en 2010 et la généralisation des smartphones. Le nouveau standard HTML5 a été approuvé, le démarrage de LuxFibre par l’Entreprise des P&T en 2011 a levé la vitesse d’accès à Internet à des centaines de Megabit par seconde. Une année plus tard le lancement de la quatrième génération des réseaux mobiles (LTE – 4G) à Luxembourg a rendu le web définitivement mobile.

L’étape de mi-2012 à 2014 est considérée comme le web sémantique. La recherche sur le web a été perfectionnée, les premiers assistants personnels avec commande vocale et synthèse de la parole, comme Siri et Alexa, ont fait leur entrée.

A partir de 2015 l’intelligence artificielle est introduite dans presque toutes les applications du web. La publicité personnalisée est omniprésente. J’appelle cette étape le web intelligent.

Depuis environ 2 ans les usagers sont de plus en plus influencés et manipulés par le web. J’appelle cette étape qui se termine à la fin de cette année le web conscient.

6. Aspects particuliers (1980 – 2019)

6.1. Equipements et navigateurs

Depuis le développement du web par Timothy John Berners-Lee, la technologie fondamentale n’a pas changé. Le contenu est toujours programmé en HTML (version 5 à l’heure actuelle), l’adresse de la page web afférente est référencée par une URL (Uniform Resource Locator) et les requêtes se font par le protocole HTTP (HyperText Transfer Protocol), même si ce protocole est aujourd’hui sécurisé et s’appelle HTTPS.

Pour accéder au contenu web, il faut d’abord accéder à Internet par un réseau de télécommunications. Dans le passé on faisait la distinction entre différents types d’accès : par le réseau téléphonique commuté (PSTN), par ISDN, par un réseau de données comme LUXPAC, par une ligne louée ou par un réseau mobile comme LUXGSM. Aujourd’hui tous les réseaux de télécommunications sont basés sur le protocole IP. LUXPAC, ISDN et LUXGSM sont oubliés et même le PSTN est en train de disparaître. Aujourd’hui l’usager typique du web ne se soucie plus du type d’accès. L’équipement fait le choix pour lui. Par défaut l’accès se fait par WiFi, si non par le réseau mobile. Seules quelques usagers avertis raccordent leurs ordinateurs par un câble Ethernet à leur routeur (typiquement une Fritzbox) s’ils ont des raisons particulières. En général la connexion de l’équipement à Internet est permanente.

Pour afficher ou écouter le contenu web, il faut disposer d’un logiciel de navigation. Aujourd’hui on a le choix entre plusieurs navigateurs (browser) : Firefox, Chrome, Safari, IE, Edge, Opera etc. Et même si on utilise une app iOS ou Android pour accéder à un contenu web spécifique comme FaceBook, Twitter ou Youtube, au lieu du navigateur standard, cette application est basée sur un logiciel de navigation classique. La question si le www est remplacé par les réseaux sociaux ne se pose donc pas.

En ce qui concerne la question d’existence d’anciennes machines associées au début du www, il n’existe pas d’équipement représentatif pour cette période. Il y a une multitude d’ordinateurs personnels et de modems qui a été utilisée pour l’accès à Internet entre 1990 et 1999. Pour avoir une vue globale je conseille de visiter le musée virtuelle Computarium à Diekirch : https://computarium.lcd.lu/

Ce musée a été réalisé par Francis Massen, un vrai pionnier de l’introduction de l’informatique dans l’éducation nationale et de la mise en place de l’Internet à Luxembourg. Il était un des membres du groupe de travail RESTENA, son fils est le directeur actuel de cette fondation.

S’il n’y a pas d’équipement représentatif pour le début du www à Luxembourg, la situation est différente au niveau des logiciels. Les premiers navigateurs répandus en 1995 étaient Netscape Navigator 2.0 et Internet Explorer 1 de Microsoft.

Il est toutefois difficile de faire aujourd’hui une démonstration du fonctionnement de ces navigateurs. Même si on dispose d’un ancien ordinateur avec un système d’exploitation de l’époque (Microsoft, Apple, Next, BBC Acorn, …), il faut également disposer des contenus web de l’époque et ceci dans un système fermé. J’ai démarré un projet de simulation afférent, mais ce n’est pas ma première priorité.

Le prochain chapitre décrit toutefois une solution de contournement.

6.2. Wayback Machine

Depuis 1996, l’Internet Archive, une association américaine sans but lucratif, construit une bibliothèque numérique qui enregistre régulièrement les pages d’accueil de tous les sites web accessibles. Cette archive contient aujourd’hui plus de 320 milliards de pages web. Pour accéder à ces pages historiques, une interface appelée Wayback Machine permet à chacun d’entrer une ancienne URL pour reproduire les pages web afférentes sauvegardées à des intervalles réguliers.  https://archive.org/web/

Je reproduis ci-après quelques anciennes pages dont celle du Tageblatt. Comme les ressources externes ne sont pas conservées, la reproduction est plus ou moins complète en fonction de la programmation HTML des pages web afférentes.

Une autre source historique intéressante est le site web Alexa.com, une filiale d’Amazon, qui produit des statistiques sur l’évolution du trafic d’un site web. L’image qui suit montre les indications fournies pour le site web du Tageblatt.

https://www.alexa.com/siteinfo

Alexa Traffic Report for www.tagblatt.lu

6.3. Pionniers

Désigner des personnes vivantes ou décédées comme pionniers de l’introduction de l’Internet à Luxembourg et d’oublier ou d’écarter d’autres est un exercice délicat. Je vais toutefois tenter de le faire, sur base de mon expérience et de mes archives, en appliquant les critères suivants :

  • ont joué un rôle important au niveau du web avant 1998
  • ont continué à faire progresser le web après 1998
  • ont laissé des traces tangibles de leur activité
  • étaient des résidents au Luxembourg ou des frontaliers

Certaines personnes ont déjà été présentées dans les chapitres précédents. Je vais donner une vue globale ci-après par secteur d’activités.

6.3.1. Equipe téléinformatique des P&T (mes anciens collaborateurs dans ma qualité de chef du département Nouveaux Services de Télécommunications jusqu’en 1994)

  • Paul Ney : chef du service téléinformatique ; administrateur de Visual Online ; aujourd’hui retraité
  • Fernand Koenigs : adjoint du chef de service ;
  • Thierry Coutelier : programmeur Linux ; fondateur du Linux User Group Luxembourg ; depuis 1999 programmeur auprès de SES
  • Marc Durbach : développeur des passerelles VTX/Internet ; programmeur chez Europe Online (1994) ; Directeur de CMD (1996) ; Groupe Assurances Foyer ; aujourd’hui retraité
  • Hubert Schumacher : ingénieur P&T; depuis 1998 créateur et co-fondateur de plusieurs start-up’s (Synapse, M-PLIFY, ZAP, atHome, Q-LEAP) ; aujourd’hui CEO de LinkFacts

6.3.2. Equipe Marketing des P&T (mes anciens collaborateurs dans ma qualité de chef du nouveau service commercial des P&T à partir de 1993)

  • Patrick Hansen : créateur du cube Internet des P&T (1996) ; depuis 1998 créateur et co-fondateur de plusieurs start-up’s; aujourd’hui CEO de Luxaviation
  • Marc Neuen : ingénieur commercial (1996) ; depuis 1999 créateur et co-fondateur de plusieurs start-up’s (LuxJob, atHome, Sympass, yellow.lu, HomeExperts, Linc) ; actuellement CEO de Linc SA et administrateur de différentes sociétés dans le domaine de l’Internet et des nouvelles technologies.
  • Tom Kettels : chef de produit Internet P&T; chef du service Multimédia P&T; conseiller auprès du Ministère de l’Etat; LuxConnect; LU-CIX; depuis 2018 Operational Lead Infrachain
  • Céline Kruten : ingénieur multimédia ; différentes fonctions au service marketing P&T ; depuis 2019 propriétaire, gérant-artiste de la société Les Herbes Folles

6.3.3. Equipe RESTENA

  • Antoine Barthel : Professeur à l’IST ; Directeur de RESTENA depuis 1989; aujourd’hui retraité
  • Théo Duhautpas : Professeur de télécommunications à l’IST (1975); Directeur de RESTENA depuis 1989; aujourd’hui retraité
  • Alain Frieden : depuis 1988 ingénieur-réseau auprès de RESTENA

6.3.4. Education Nationale

  • Françis Massen :  professeur-docteur en sciences physiques et mathématiques au LCD ; membre du groupe RESTENA ; pionnier de l’enseignement de l’informatique aux lycées ; créateur du musée virtuelle Computarium; depuis 2009 en retraite
  • Nico Beckerich : professeur de mécanique au Lycée Technique à Wiltz ; membre du groupe RESTENA ; créateur du réseau Wilytec ; actuellement retraité
  • Dominique Portante : instituteur ; inspecteur ; fondateur et directeur du SCRIPT (Service de Coordination de la Recherche et de l’Innovation pédagogiques et technologiques) au MEN ; Professeur de linguistique à l’université; actuellement retraité

6.3.5. Centres de Recherches

  • Fernand Reinig : Professeur ; Directeur au CRP Gabriel Lippmann de 1988 à 2014 ; administrateur RESTENA ; membre du conseil FNR ; depuis 2015 responsable du LIST
  • Guy Kerger : Directeur du centre de ressources multimédia au CRPHT de 1989 à 2000 ; participation au programme MIDAS-NET en 1996 ; création de la start-Up MindForest en 2000 ; aujourd’hui managing partner du groupe MindForest

6.3.6. Etat

  • Guy Dockendorf : Ministère de la Culture, Premier Conseiller de Gouvernement honoraire
  • Pierre Decker : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Premier Conseiller de Gouvernement honoraire

6.3.7. Fournisseurs d’accès Internet

6.3.8. Media

  • Mike Koedinger : Fondateur et CEO du groupe d’édition Maison Moderne en 1994 ; Publication des magazines Explorateur et du guide Multimedia à partir de 1994 ; Fondateur de la plate-forme Lemonland Media Lab en 2018 ; actuellement président du Conseil d’administration de Maison Moderne
  • François Altwies : chef de projet Telepolis en 1995 ; rédacteur adjoint de Explorator de 1996 à 1999 ; fondateur et CEO de XYZ Productions en 1997 ; Business Developper chez Beaufort et Telindus (2001 – 2006) ; différentes activités dans différentes sociétés entre 2006 et 2013; depuis 2013 Neuroplasticity Coach et Bio-&Neurofeedback Trainer
  • Tom Weber : Station Manager newMedia auprès du groupe RTL depuis 1998 ; actuellement Digital Director RTL
  • Luc Schengen : depuis 1988 producteur et réalisateur de contenus rich-Media, audio-visuel, 3D, Vidéo etc. dans sa société In-Visible
  • Roland Dernoeden : depuis 1980 PDG de l’Imprimerie Centrale

6.3.7. Entrepreneurs sériels

  • Samuel Dickes : Créateur de la start-up AlpaNet (1996) ; créateur et directeur du premier portail Internet luxweb à Luxembourg à partir de 1996 ; New Media Manager chez Editus de 1999 à 2006 avec transfert de luxweb ; depuis 2006 Business Development and Multimedia Executive Manager dans le groupe RTL
  • Patrick Kersten : ingénieur commercial ; créateur et co-fondateur de plusieurs start-up’s ; depuis 2013 fondateur et CEO de Doctena
  • Eric Lackner : consultant chez Spectrum Computers (1988) et Andersen Consulting (1990 – 1995) ; CFO et CEO auprès de Spectrum Technology (1995 – 2003 ; dirigeant de différentes sociétés ; depuis 2010 philanthrope et consultant indépendant
  • Sylvain Cottong : Diplôme d’économie de l’UCL en 1994 ; création de la start-up Mediaarchitect en 1997 ; conseiller du gouvernement pour e-Government et pour la Société de l’Information ; fondateur de plusieurs start-up’s à partir de 2006 ; actuellement conseiller indépendant
  • Daniel Eischen : créateur de plusieurs start-up’s depuis 1995 (Concept Factory, Interact, Quest, Sustain, Exxus, InnoHub, TribeGlobal) ; actuellement administrateur délégué et CEO de Interact
  • Raoul Mulheims : créateur de la plateforme et communauté Luxusbuerg Chat en 1996 avec plus de 80.000 usagers enregistrés jusqu’à 2007 ; Managing Partner de Mpulse en 2006 ; co-fondateur de Nvision en 2009 ; Co-fondateur et CEO de Digicash Payments en 2012 ; actuellement co-fondateur et CEO de Finologee (FinTech)
  • Gary Kneip : Sales Manager DEC de 1985 à 1989 ; Head of ICT BIL de 1989 à 1993 ; Fondateur et CEO de Primesphere de 1993 à 2003 ; CEO du groupe DATA4 depuis 2004 ;  Fondateur et CEO de ProDomus depuis 2015
  • Guy Sandt : RTL Productions de 1981 à 1986 ; Développement Multimedia auprès de Computerland Europe ; Création de la société du web Guy Sandt sarl (Commercialisation Click2View) ; Réalisation de portails Internet pour les voitures d’occasion et l’immobilier à partir de 2000 ; depuis 2006 consultant indépendant
  • Daniel Schwall : avocat ; RTL de 1980 à 1988 ; Bayard Presse de 1988 à 1992 ; Création et CEO de Digit 352 de 1992 à 1999 ; réalisation de différents projets entre 1999 et 2018 ; depuis 2018 rattrappeur de temps perdu à Nice
  • Samuel Dickes : Créateur de la start-up AlpaNet (1996) ; créateur et directeur du premier portail Internet luxweb à Luxembourg à partir de 1996 ; New Media Manager chez Editus de 1999 à 2006 avec transfert de luxweb ; depuis 2006 Business Development and Multimedia Executive Manager dans le groupe RTL
  • Patrick Kersten : ingénieur commercial ; créateur et co-fondateur de plusieurs start-up’s ; depuis 2013 fondateur et CEO de Doctena
  • Eric Lackner : consultant chez Spectrum Computers (1988) et Andersen Consulting (1990 – 1995) ; CFO et CEO auprès de Spectrum Technology (1995 – 2003 ; dirigeant de différentes sociétés ; depuis 2010 philanthrope et consultant indépendant
  • Sylvain Cottong : Diplôme d’économie de l’UCL en 1994 ; création de la start-up Mediaarchitect en 1997 ; conseiller du gouvernement pour e-Government et pour la Société de l’Information ; fondateur de plusieurs start-up’s à partir de 2006 ; actuellement conseiller indépendant
  • Daniel Eischen : créateur de plusieurs start-up’s depuis 1995 (Concept Factory, Interact, Quest, Sustain, Exxus, InnoHub, TribeGlobal) ; actuellement administrateur délégué et CEO de Interact
  • Raoul Mulheims : créateur de la plateforme et communauté Luxusbuerg Chat en 1996 avec plus de 80.000 usagers enregistrés jusqu’à 2007 ; Managing Partner de Mpulse en 2006 ; co-fondateur de Nvision en 2009 ; Co-fondateur et CEO de Digicash Payments en 2012 ; actuellement co-fondateur et CEO de Finologee (FinTech)
  • Gary Kneip : Sales Manager DEC de 1985 à 1989 ; Head of ICT BIL de 1989 à 1993 ; Fondateur et CEO de Primesphere de 1993 à 2003 ; CEO du groupe DATA4 depuis 2004 ;  Fondateur et CEO de ProDomus depuis 2015
  • Guy Sandt : RTL Productions de 1981 à 1986 ; Développement Multimedia auprès de Computerland Europe ; Création de la société du web Guy Sandt sarl (Commercialisation Click2View) ; Réalisation de portails Internet pour les voitures d’occasion et l’immobilier à partir de 2000 ; depuis 2006 consultant indépendant
  • Daniel Schwall : avocat ; RTL de 1980 à 1988 ; Bayard Presse de 1988 à 1992 ; Création et CEO de Digit 352 de 1992 à 1999 ; réalisation de différents projets entre 1999 et 2018 ; depuis 2018 rattrappeur de temps perdu à Nice
  • Xavier Buck : Créateur d’un club informatique au Luxembourg avec 1.500 membres au milieu des années 1980; entrepreneur de l’Internet depuis 1996; co-fondateur du datacenter.eu en 2000 ; président du Luxembourg ICT Cluster depuis 2014
  • Marco Houwen : son parcours est un peu différent des autres entrepreneurs sériels, mais il est devenu depuis 2000 omniprésent dans l’environnement Internet luxembourgeois

6.4. Statistiques

Il est difficile de trouver des statistiques correctes et cohérentes sur l’utilisation de l’Internet et du web et de leur évolution depuis 1995. Les anciens rapports de gestion des P&T ne fournissent pas de données quantitatives sur le nombre d’abonnés ou sur le trafic Internet des P&T. A partir de 1997 c’est l’ILR qui rassemble les statistiques pour l’ensemble des opérateurs. Je n’ai toutefois pas trouvé de données pertinentes dans les rapports annuels de l’IRL.  

A mon avis la meilleure source pour trouver des données plus ou moins fiables sont les études publiées occasionnellement par le Statec sur son portail des statistique, basées sur des enquêtes effectuées auprès d’un échantillon d’usagers.

Quelques statistiques globales se trouvent sur ma page web

https://www.web3.lu/internet-history/ .

7. Perspectives d’avenir (> 2020)

Quelle sera l’état du web dans l’avenir ? L’omniprésence d’Internet dans la vie journalière sera encore accentuée. L’introduction de la cinquième génération des réseaux mobiles (5G) facilitera la généralisation de l’Internet des Objets (IoT = Internet of Things). Le web sera complètement dominé par les contenus vidéos. L’interface vocal remplacera le clavier. Les usagers ne prendront plus le temps pour approfondir un sujet. Tout message qui ne passe pas les 10 premières secondes sera ignoré par le lecteur. Mais grâce à l’intelligence artificielle et à la conscience synthétique naissante du web, l’humanité va maîtriser ces problèmes.