Procès-verbal du 3 septembre 1783 de l'Académie des Sciences MM. Milly, Leroy, Lavoisier, Laplace, Ferrier et Vicq-d'Azier ont rendu Compte des deux têtes parlantes de M. l'abbé Mical. L'examen des machines de ce genre est curieux, parce que, faites pour imiter la nature dans la prononciation des sons, elles peuvent aussi jetter quelques jours sur le mécanisme de la voix. Nous avons donc considéré dans le plus grand détail toutes les pièces de la machine dont-il s'agit. M. l'abbé Mical a eu la complaisance de les démomter devant nous. Il a même permis que nous fassions une courte description. Il désire seulement que le compte que nous allons en rendre ne soit point publié, au moins sans son aveu; nous avons cru pouvoir prendre cet engagement avec lui au nom de l'Académie. Tous les mouvences de la machine sont disposés de manière à faire prononcer par dux têtes, comme en dialoguant les deux phrases suivantes: Le Roi a donné la paix à l'Europe. La paix fait le bonheur des peuples. Avant d'aller plus loin, nous croyons devoir dire que certaines phrases ne sont pas prononcéses distinctment vdans toutes leurs parties; Surtout la dernière ce qui tient sans doute à ce que le fond de la voix produite pour cette machine est très différent de la voix humaine; à ce que certaines syllabes résultant de la combination de plusieurs sons, leur réunion ne se fait pas avec toute la précision possible; Et aussi à ce que la prononciation de plusieurs consonnes a besoin encore d'être perfectionnées. Malgré ces défauts que M. l'abbé Mical même ne dissimule pas, le mécanisme de cett machine nous a paru intéressant. On peut y considérer deux parties très différentes. 1. Une chambre à vent, dans laquelle un soufflet porte l'air et de laquelle ce fluide s'échappe lorsque différentes souspapes s'chevent. L'air est alors dirigé par des conduits vers les cavités où il est modifié, et où il devient foudre. 2. Un cylindre qui meut des leviers, et qui leur donne l'impulsion nécessaire, soit soulever à propos les soupapes de la chambre à vent, soit pour donner aux différentes cavités où le son se modifie les formes nécessaires à ses divers changements. Nous décrirons sommairement chacune des parties de la machine. Le soufflet, la chambre à vent, les soupapes qui forment dans les orgues. Les cavités ouvertes dans lesquelles le son est modifié méritent une attention plus particulière. Toutes ces boîtes sont fermées dans leur partie inférieure par une cloison ou Diaphragmetrès tendue, formée d'une peu très fine, située horizontalement, au milieu de laquelle est un trou ellyptique, qui répond au conduit à vent, et se trouve placé immédiatement au dessus. Cette ouverture est recouverte par une languette, dont une des extrémités est attachée à un des points de la circonférence de la Moïte, tandis que l'autre qui dépasse un peu le trou, peut vibrer lorsque l'air du tuyau à vent est dirigé vers cette ouverture. Ce sont les vibrations de cette languette qui produisent le son. M. l'abbé Mical a observé que la plus ou moins grande tension de la membrane au milieu de laquelle est le trou qui influe peu sur le son. Mais il n'en est pas de même de la languette vibrante, une petite plaque de métal est placé sur celle de ... Ses extrémités qui tient à la circonférence de la boïte, et peut par le moyen d'une verge être plus ou moins avancée de cett languette, vers le trou Ellyptique, qu'elle recouvre. Plus cette plaque de métal s'avance sur la languette qui devient laors plus courte, plus le son qu'elle produit est aigu; et au contraire il est d'autant plus grave que la longueur de la languette est plus grande. C'est par ce moyen que M. l'abbé Mical rend uniformes les diiférentes sons de la boïte qui sans cela seraient dissonants. Cette circonstance nous a paru remarquable, parce qu'elle est la seule qui puisse, dans la machine, dont nous avons examiné le mécanisme produire des tons différents; tous les autres détails que nous exposerons n'ayant été destiné q^'à modifier le même ton de manière à prononcer des syllabes mais sans changement d'infléxion de la voix. M. l'abbé Mical a essayé de terminer ses conduits à vent, par une ouverture plus ou moins étroite, qui produisait des sons du même genre que ceux des flûtes ou des jeux d'orgues à biseaux. Mais ces tentatives ne lui ont point réussi. Il n'a pu obtenir des sons analogues à ceux de la voix humaine et susceptibles des modifications dont il a fait usage, que par le moyen d'une languette qui tessible évidemment à la plaquette qui vibre dans le jeu à anche de l'orgue et dont le ton est changé comme celui de la languette par une tension plus ou moins grande; d'ou il résulte que si on trouve le moyen d'avancer plus ou ..moins et dans les proportions déterminées la plaquette de métal sur la languette, on pourra changer de ton et faire chanter la machine; il .... probable qu'elle est susceptible de ce degré de perfection. Les boïtes dans lesquelles les sons se modifient et dont nous avons décrits Diaphragme ou la cloison, sont construites de différentes manières. 1. Les unes sont formées de deux moitiés à peu près égales, toutes deux concaves, arrondies et ajustées l'une sur l'autre de manière à s'ouvir par le moyen d'une charnière et formant un angle plus ou moins grand. 2. Les deux moitiés des autres boïtes sont disposées de façon que la supérieure peut s'enlever tout à fait et entrer en contact avec l'inférieur dans laquelle est toujours le Diaphragme percé d'un trou et recouverte d'une languette. 3. D'autres boïtes sont toutes d'une pièce, elles ont la même forme que les précédentes qui sont ovoïdes. Leur partie supérieure est percée dans quelques unes d'un seul trou rond, dans d'autres de plusieurs qui sont tous recouvertes par des sous-papes. 4. Il a quelques boïtes qui diffèrent de celles ci, en ce qu'étant d'une seule pièce, elles ont beaucoup moins élevées. Il semble que pour les ... on ait tronqué les premières; elles sont percées d'un trou qu'une soupape recouvre et le diaphragme disposé comme il a été dit, plusieurs fois, est tendu vers le bas de ces espèces de godets. 5. Une des boïtes réunit le mécansime des autres c'est à dire que la partie supérieure peut se mouvoir au dessus de l'inférieur en formant un angle plus ou moins ouvert et étant retenu par une charnière tandis que la région la plus élevée de cette moitiés est percée d'un trou qu'un soupape recouvre. 6. Enfin l'intérieur de ces boïtes vu au dessous du diaphragme n'est pas la même dans chacune et les variations contribuent encore à modifier le son. Cette première partie de la machine, composée de la chambre à vent, des conduits et des godets ou boïtes sonores, était la plus importante à considérer. L ... donne une idée de la seconde partie qui est composée d'un cylindre et de leviers, il suffira de dire que les leviers mus par le cylindre paraissent être divisés en trois ordres. Les premiers lèvent et baissent les soupapes de la chambre à vent; les autres mouvent les moitiés supérieures des boïtes sonores ou des soupapes qui recouvrent leurs ouvertures; les troisièmes enfin répondent aux têtes et ne contribuent en rien aux sons. Nous mettrons l'accent aportée de juger de ces pièces en lui exposant leur ... dans la prononciation de quelques lettres ou syllabes. Nous avons choisi celles que l'on entend de la manière la plus distincte: la voyelle a se prononce dans une des grandes boïtes de deux moitiés mobiles l'une sur l'autre pour ce que l'on entende cette lettre il faut que la boïte reste immobile.